Ruby Turner : Change (T-empo Remixes)
12″ UK
1994 – Wired
Déniché à la FNAC Bellecour de Lyon, qui n’en avait apparemment reçu qu’un seul et unique exemplaire, ce vinyle fait partie des raretés de ma collection…
Typiquement le genre de petit label underground, mal distribué et dont la plupart des releases tombèrent malheureusement dans l’oubli.
Le macaron du disque avait attiré mon attention avec la présence de remixes de T-empo dont le superbe single Saturday Night, Sunday Morning (reprise d’un morceau de Thelma Houston) fit forte impression dans les clubs européens cette année-là.
Nous sommes alors en 1994 et le collectif emmené par le DJ anglais Tim Lennox est en pleine explosion.
Originaire de Birmingham, Tim commence à jouer au début des années 90 dans des clubs gays comme l’Heroes, le Paradise Factory ou le Number One à Manchester. Tout jeune, il fit même les lumières pour le DJ Tony de Vit. Il animait aussi outre-manche les vendredis soirs de la radio FM Galaxy 102.
Il fut surtout l’un des DJ’s cultes des soirées FLESH organisées par le club légendaire de l’Haçienda.
Dans un interview donné au magazine Sixty en 2018, la DJ Kath McDermott, qui partagea le DJ booth avec Lennox en ce temps-là, se souvient de ces fêtes mémorables:
…L’Haçienda fut créée à l’image des clubs gays américains comme le Paradise Garage, donc il fallait que cela soit toujours un gros buzz de la voir remplie de gays avec Tim Lennox à la barre.
Chaque soirée était un véritable événement avec un thème différent ou un happening spécial (venue d’un artiste NDLR)… les clubbers rivalisaient donc d’efforts pour être habillés pour l’occasion et tout l’espace était décoré pour impressionner également.
C’était une foule massive, toujours bien au-dessus de mille personnes et mélangée… on voyait des drag queens, des lesbiennes, des gigolos et même des gens nus se promener… l’ambiance était incroyablement friendly.
N’importe quoi pouvait arriver et j’ai beaucoup ri de la folie et de la débauche des scènes vues là-bas.
Mes souvenirs les plus marquants sont par exemple ceux de Leigh Bowery (célèbre drag-queen) « donnant naissance » à une femme sur scène, de pompiers poussant une camionnette de crème glacée loin du dancefloor au cas où le réservoir d’essence exploserait, d’une piscine effondrée qui inonda le club, des membres de Kraftwerk ou des Pet Shop Boys faisant la fête, sans oublier les scènes de relations sexuelles à l’intérieur de la boîte.
Pas mal pour un mercredi soir !!!
Mais revenons à Lennox.
En 1993, il produit l’excellent Happiness (cover d’un titre de Cuba Gooding) avec la chanteuse Sharon Dee Clarke, un 12″ qui sera finalement signé par Serious Rope (Rochefort & Friedman), puis il enregistre Another Man (encore une reprise) sortie sous le pseudo Shy Man.
On le retrouve un an plus tard crédité avec Adam Clough et Colin Thorpe sur le Thumpers Club Mix de Sure, remixé pour le célèbre boys band Take That…
Puis à partir de 1994, c’est l’émergence du concept T-empo, collectif qui réunira plusieurs artistes, chanteuses et musiciens, mais dont Lennox restera le maître d’œuvre jusqu’en 1998 où des problèmes de santé l’éloignèrent des studios.
Avec Colin Thorpe aux claviers, Simon Bradshaw ou Adam Clough à la console de mixage, la team dirigée par Lennox se fit rapidement une solide réputation auprès des labels Dance de l’époque…
Leurs talents de remixers n’étant plus à démontrer, ils travaillèrent entre-autres sur des productions pour Diana Ross, Incognito, Joe Roberts, The Brand New Heavies, Toni Braxton, Louise, Dana Dawson, Taylor Dayne, Grace Jones, Eve Gallagher, Rupaul, Sabrina Johnston, Kim Wilde, Tom Jones… que du beau monde 🙂
Je possède la plupart de leurs remixes, collectionnés au fil des années… et je dois bien reconnaitre qu’il n’y a quasiment que des hits au compteur.
Les T-empo furent également avec K-Klass, Loveland, Love To Infinity, des acteurs majeurs du courant Handbag House (aussi appelé Diva House) apparu en Angleterre au début des années 90.
Particulièrement populaire auprès de la communauté LGBT, cette musique qui mettait souvent en avant les voix puissantes de chanteuses noires comme Sharon Dee Clarke, Rachel McFarlane ou encore Hannah Jones, était plus rythmée, plus nerveuse que le Classic Garage américain… mieux adaptée aux fêtes sans retenu et sans tabou, organisées par les nombreux clubs qui existaient encore alors outre manche.
Les remixes de T-empo se distinguaient, selon moi, par le soin apporté aux intros.
Durant plusieurs minutes, avec une construction en layer (somme toute classique), elles permettaient de faire monter progressivement en puissance le morceau, chauffant le public, avant souvent une explosion au break de claviers type Korg M1, pianos clairs et raisonnants, avec une grosse réverb. Technique également largement utilisée par les Brothers In Rhythm à la même époque.
Les deux versions du titre Change qui suivent en sont un parfait exemple.
L’intro du Don’t Phone Us We’re In The Club Mix⭐⭐⭐ démarre par un synth-pad planant et langoureux… entre alors un kick lourd, seul sur quelques secondes, la rythmique s’étoffe ensuite progressivement (shaker, tambourin, hi-hats)… puis c’est une guitare funky qui surgit (la même que celle de leur remix de Tom Jones)… arrivent enfin les strings disco, de plus en plus haut-perchées dans la gamme au fil des secondes… le grand piano rentre dans la danse, semblant vouloir leur disputer la première place… les strings ne se laissent pas faire, jouant plus haut, plus fort… 2’32 c’est l’explosion !!!
Le piano a gagné, les strings ralentissent, les premiers ad-libs apparaissent… 30 secondes de répit et la course redémarre, cette fois c’est un orgue hammond qui déboule en trombe et accompagne le piano… 3’18… le premier couplet commence avec la chaude voix de Ruby Turner.
Quelle intro mes amis… 3 minutes 18…. Ah c’est sûr… on est loin des standards sur 16 mesures recommandés par les beat-makers contemporains 😉 🙂
Les 5 minutes, presque 6, restantes, sont un vrai régal. Le morceau conserve une énergie folle… je ne m’en lasse pas une seconde, même 25 ans plus tard !
J’ai d’ailleurs une légère préférence pour le Dub⭐⭐⭐ encore meilleur (est-ce possible !) car son intro est sublime… l’association chœurs, beat, basse, rhodes et glockenspiel est une tuerie. J’ai joué et rejoué ce dub à m’en faire éclater les tympans, version WTF !!!
En bonus du player ci-dessous, vous trouverez la chanson originale downtempo (plutôt réussie) utlisée comme matière première à cette incroyable bombe de la musique Handbag, pourtant passée totalement inaperçue en dehors de l’Angleterre, il me semble.
Un de mes remixes préférés de Tim Lennox & Colin Thorpe assurément. Nul doute que nous les retrouverons prochainement dans l’une des mes sélections.
My selection:
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