Pourquoi Mix Collectors n’est pas et ne sera jamais un site de téléchargement ?
Cela faisait longtemps que je voulais écrire un billet sur ce sujet, de façon à répondre aux nombreuses demandes qui me sont faites de partager mes promos ou bien encore de mettre des liens de téléchargement pour les fichiers de mes revues.
Internet est un lieu formidable de partage et de découverte… mais qui a été malheureusement corrompu et squatté au fil des années par de plus en plus de gens sans morale, sans scrupule, dénués de respect ou de tolérance.
Les raisons principales pour lesquelles je ne partage pas mes fichiers sont :
– le respect pour les artistes et les labels qui m’envoient leurs promos en me faisant confiance;
– la crainte que mes publications sur Mix Collectors ne soient récupérées par d’autres personnes à des fins commerciales et illégales.
Voilà c’est dit…
Si vous avez quelques minutes devant vous, je développe ci-dessous les éléments qui m’ont amené à cette décision.
Mix Collectors est un site d’information et de vulgarisation de la musique House, avec pour objectif de renforcer la notoriété des artistes, labels, DJ’s, avec qui je suis en contact.
Chacun est libre ensuite d’acheter légalement ou pas les titres dont je parle, de soutenir les artistes et leur musique, de commander de vieux vinyles sur Discogs…
J’apprécie d’autant plus un disque, que j’ai eu du mal à dénicher, même si je n’achète pas toute la musique que j’écoute, loin de là.
Je suis tout à fait conscient que mon blog perd de son intérêt pour ceux qui n’ont jamais acheté un disque de leur vie et qui considère que tout sur le net devrait être gratuit…
J’avais 25 ans quand internet s’est développé en France dans les années 90 et surtout je fais partie de la génération qui a connu la vie avant internet.
A l’âge de 15 ans, j’allais acheter mes disques dans une petite ville de Bourgogne, puis plus tard à Lyon, ou par correspondance à Paris chez Karamel et de fil en aiguille je me retrouvais à commander mes vinyles en Angleterre, car c’était là-bas que se situaient les meilleurs magasins de House et les meilleures sources de cette musique.
Après beaucoup de temps et de persévérance, j’atteignis un niveau correct de connaissances et de contacts dans ce milieu, devenant chroniqueur pour le magazine Only For DJ’s, ce qui me permit ensuite d’interviewer quelques DJ’s célèbres ou d’être inscrit sur la promo list de labels tels que Kult, Freebass, Swing City…
A la fin des années 90, Internet débarqua en France avec son vent de révolution, de liberté, d’échange. C’était formidable.
10 ans plus tard, les disques devenaient disponibles en digital, en téléchargement immédiat et je conversais sur Facebook avec des artistes que je n’aurai auparavant jamais imaginé rencontrer dans le monde réel.
L’information accessible pour tous et partout, en Europe tout du moins.
Et puis l’information devint gratuite… ce qui poussa certains à associer internet avec gratuité, ou comment le concept de liberté l’emporta finalement sur la notion de légalité.
Le droit à la liberté d’expression (valeur fondatrice de l’internet des années 90) est finalement devenu le droit à la liberté « tout court », faisant de fait ressembler de plus en plus internet à une zone de non-droit !
Prétextant le droit à la liberté d’expression certains se croient autorisés à attaquer, insulter, calomnier… se sentant protégés par l’anonymat, hier encore point fort d’internet, devenu aujourd’hui son pire ennemi.
Le droit des peuples à l’accès aux connaissances et au savoir, ainsi que leur partage gratuit par des internautes bénévoles, étaient deux autres grandes idées fondatrices d’internet.
Certains les ont aujourd’hui remplacées par le droit au vol et à la copie de livres, de musique, de films, à des fins lucratives mettant en péril les créateurs mêmes et les diffuseurs de ces œuvres.
Attention… je suis pour le partage de musique entre fans et convaincu de son effet positif.
C’est une autre forme de « partage » que je condamne.
Dans les années 80-90’s, il était courant de se passer des cassettes entre potes, des enregistrements faits à la radio, copies de vinyles ou d’autres cassettes. On n’avait pas forcement le budget pour tout acheter et puis certains disques nous passaient sous le nez…
Je trouve plutôt bien aujourd’hui de pouvoir échanger avec d’autres fans des fichiers mp3’s de façon à leur faire découvrir un artiste ou un titre qu’ils ne connaissaient pas.
Pour cela, le programme Soulseek est très bien car il permet de sélectionner un groupe restreint d’utilisateurs avec qui vous voulez partager, contrairement aux autres clients P2P qui diffusent en masse, à l’aveugle et sans restriction.
Ce qui me révolte ce sont ces sites qui vendent des abonnements pour des FTP’s illégaux où vous pouvez trouver toutes les releases de Traxsource, Beatport, quelques heures seulement après leur mise en vente officielle.
Là ce n’est plus du partage mais du vol caractérisé sur le dos des artistes !!!
C’est une honte que ces sites existent encore malgré les mois qui passent, alors que l’on va ’emmerder’ le pauvre gars qui aura téléchargé 100 titres pour son usage perso ou pour partager avec des potes.
C’est en partie à cause de ces sites, que je ne partage plus les fichiers de mes posts sur Mix Collectors.
En 2007, avant que le blog n’existe sur WordPress, j’avais un forum en français, avec près de 300 inscrits. Je mettais en streaming des versions intégrales des mixes que je rippais en digital sur les vinyles ou les cd’s de ma collection.
Et puis un jour, je me suis aperçu que quelqu’un avait extrait tous les mixes de mes revues, les avait retaggé avec son nom et mis en ligne sur Soulseek. Certains de mes fichiers sont probablement venus depuis grossir les FTP’s illégaux dont je parlai plus haut.
C’est pour cette raison que j’ai décidé de couper la fin des mixes les plus rares de mes revues et de proposer à l’écoute des snippets plutôt que des versions intégrales.
90% de ce que je poste sur Mix Collectors vient de ma propre collection de disques. Chaque revue me prend beaucoup de temps, entre le scan des pochettes, le nettoyage et le remastering des enregistrements, la rédaction des posts, la mise en ligne…
La nétiquette, cela vous dit quelque chose ? Moi oui…
C’est le terme que l’on employait à la fin des années 90, pour désigner le code des bons et loyaux usages entre webmasters et internautes sur la toile. Un code qui préconisait justement le respect du travail de ceux qui alimentaient le net d’informations et de fichiers. Notion complètement dépassée dans l’époque actuelle où tout le monde pille tout le monde.
J’ai partagé pas mal de trucs rares dans les années 2000, extraits de vinyles promos ou autres limited edition… mais j’en ai eu assez de voir mon travail pillé et détourné par certains internautes sans foi ni loi, qui essaient de gagner de l’argent avec le travail des autres (artistes ou contributeurs).
Je connus aussi quelques déboires avec les promos que je reçois des labels.
Un ami brésilien avec qui j’étais en contact sur le net depuis plusieurs années me proposa un jour de s’échanger des promos, car il réussissait à dégotter des trucs assez sympa en provenance de labels avec qui je n’étais pas en contact.
Lui faisant confiance et après lui avoir demandé expressément de ne les passer à personne, je découvris bientôt que « l’ami » en question avait ouvert un FTP privé sur lequel il revendait toutes les promos qu’il avait échangées avec moi et probablement avec d’autres mecs qui s’étaient fait piéger.
Je passe aussi sur le cas du fichier rare que l’on passe à un ami qui le passe ensuite à un pote, qui le passe plus tard à un autre, et qui finalement atterri sur un de ces FTP’s dont je parlai précédemment.
Toutes ces mauvaises expériences m’ont malheureusement conduit à ne plus mettre en ligne de versions intégrales des fichiers de mes posts et à ne partager qu’avec un nombre très restreint de personnes mes morceaux les plus rares.
J’échange encore quelques mixes de temps en temps, avec précaution et parcimonie, mais avec des personnes qui contribuent à enrichir le net de façon intelligente et responsable.
Quant aux news sur le blog et advance promos (encore non disponibles à la vente), je respecte toujours le choix des artistes et des labels qui me les envoient.
Certains m’autorisent à les partager avec des personnes de confiance, c’est alors à moi d’évaluer le degré de sérieux des dites personnes. D’autres me demandent explicitement de ne les partager en aucun cas.
Je ne discute jamais leurs choix, car la confiance qu’ils me portent est un point crucial et non négociable dans le développement de Mix Collectors.
Voilà, j’espère vous avoir éclairé sur mes choix et répondu à la frustration de certains de mes followers.
Je suis triste que l’attitude d’une minorité sur le net, doive finalement limiter les pratiques d’échange et de partage entre fans, que j’ai pourtant défendues au début d’internet.
Malheureusement cette minorité a tendance à grossir et les mentalités individualistes ne me semblent guère en recul auprès de la jeune génération.
Espérons que je me trompe et que l’avenir nous amène d’autres solutions que la répression.
Cordialement
Manutek
28 Mai 2013
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